Revendications spécifiques ? (pour lancer la discussion)

Doit-on parler de revendications « spécifiques » aux agents des catégories A, B et maîtrise ou seulement de déclinaison (ou d’adaptation) de revendications communes à tous ? Existe-t-il des revendications spécifiques et d’autres qui ne le sont pas ?

Peut-on considérer que des A, B et maîtrise « encadrants » et des A, B et maîtrise « non encadrants » vivent les mêmes réalités, partagent les mêmes préoccupations et les mêmes revendications ?

Qu’est-ce que les agents des catégories A, B et maîtrise ont en commun ? La fonction ? Le niveau de qualification ? La place dans l’organisation du travail ? L’autonomie ?

Les catégories évoluent, les qualifications se développent. Bien souvent, des agents de catégorie C occupent des postes à responsabilité, tandis que des B voire des A font « de l’exécution », voient leurs qualifications et leur technicité remises en cause. Dans ces conditions, la distinction entre les catégories A, B et C est-elle encore pertinente ?

Les qualifications se sont développées dans toutes les catégories. La plupart des fonctions demandent de la réflexion, de la conception, une prise de risque et de responsabilité.

Bien souvent, ces qualifications ne sont pas reconnues. En terme de rémunérations, de déroulement de carrière, mais aussi dans le contenu du travail. Des agents "d'exécution" se forment, leurs fonctions évoluent, ils accèdent à des responsabilités… mais leur carrière est bloquée.

Des salariés qualifiés ou hautement qualifiés sont dans l’impossibilité de mettre en œuvre leurs connaissances et savoir-faire.

C’est le cas de cadres ou d’ingénieurs contraints d’organiser la délégation d’activités à des entreprises privées. Ou lorsque que les normes imposées à des travailleurs sociaux reposent davantage sur des préoccupations comptables que de service public.

Pour autant, l’élévation du contenu intellectuel dans tous les types de travail ne signifie pas que les agents « d’exécution » les ouvriers, les employés, les techniciens, les ingénieurs, les cadres seraient devenus interchangeables.

Ce n’est pas parce que les employeurs nient les qualifications que nos collègues des catégories A et B en sont moins qualifiés. S’ils expriment un malaise face à la perte de sens du travail, aux gâchis, aux abandons de service public, ils aspirent également à ce que leurs capacités, leur utilité sociale soient reconnues.

Je suis totalement d'accord avec J.F LEMEURE. Par contre, il faut aussi prendre en compte les revendications spécifiques à l'intérieur des qualifications des fonctionnaires de catégorie A et B. Je pense notamment aux Educateurs Territoriaux des Activités Physiques et Sportives (ETAPS) qui sont des agents de catégorie B de la filière sportive et qui assument des missions d'enseignement des APS pour différents publics. Ils revendiquent, à juste titre, une reconnaissance des missions d'enseignement par du temps de préparation (pédagogique, didactique et physique). Ils demandent également la possibilité d'avoir un déroulement de carrière en catégorie A tout en ayant des missions d'enseignement, d'encadrement de groupes, et des missions de coordinations pédagogioque. Ils demandent pour cela la création d'un cadre d'emploi de Professeur territorial des APS. Cela permettrai de mettre la filière sportive en adéquation avec la filière culturelle. Le collectif sport de l'UFICT CGT des services publics permet d'organiser les professionnels du sport de la FPT et de travailler pour construir un cahier revendicatif cohérent avec le mémorendum fédéral et en ayant à l'esprit de renforcer la filière pour les 3 catégories. Il faut impérativement développer le travail de tous les collectifs de l'UFICT pour la prise en compte de toutes les revendications et pour construir avec les agents concernés des actions revendicatives.
René PINTUREAU

[quote="Admin"]Doit-on parler de revendications « spécifiques » aux agents des catégories A, B et maîtrise ou seulement de déclinaison (ou d’adaptation) de revendications communes à tous ? Existe-t-il des revendications spécifiques et d’autres qui ne le sont pas ?

Dans les services du Conseil général, secteur santé social, il me semble qu'on est obligé d'oppérer une distinction : les "cadres" désignés comme tel par leur administration : généralement de catégorie A mais parfois B "faisant fonction de". Il sont soit en position d'encadrement hiérarchique, soit en position d'encadrement fonctionnel chargés de mission et autres). Ils ont des préoccupations spécifiques (en terme de salire, d'avancement de carrière, de souffrance au travail...) et ne se retrouvent pas toujours dans les AG et réunions syndicales : on a tendance à y critiquer beaucoup, sans subtilité, les cadres que j'appelle "intermédiaires" c'est à dire le niveau hiérarchique juste au dessus des agents dits "de terrain"; Ce qui conduit ceux-ci à déserter les syndicats, voir à quitter la CGT après réussite de leur concours, ce qui est bien dommage !
En revanche, il faut aussi qu'il y ait des moments d'échange commun, autour de certaines revendications fédératrices : défense du service public par exemple. Ce qui permet aux uns de se découvrir des points de militantisme convergents avec les autres (et l'inverse !)

Je voudrais soulever le problème du positionnement des cadres B dans la fonction publique territoriale. Je trouve que nous avons une position hybride et ambiguë.

Je viens de réussir le concours de technicien supérieur, mais j’ai plusieurs années d’expérience en collectivité et auparavant dans le privé. Je travaille dans une ville de 26000 habitants ; à la direction des services techniques, il y a seulement trois ingénieurs, aucun dans mon service. Du coup, j’ai des responsabilités qui relèvent d’agents de catégorie A : élaboration et suivis de projets, rédaction de délibérations, gestion de budgets et autres missions dépassant notre cadre d'emploi…

Nous ne sommes que trois techniciens aux services techniques. Nous sommes souvent amenés à effectuer des tâches d’agents de catégorie C. Dans la mesure où nous sommes surchargés, nous n’avons pas le temps de travailler ensemble et pour aller plus vite, nous faisons nous-mêmes. Résultat : les C effectuent des tâches répétitives, et les B cumulent les fonctions. Je pense que c’est une problématique bien spécifique aux B.

Notre rôle d’encadrement se limite de plus en plus à du contrôle au détriment du management (au bon sens du terme : organisation, travail en équipe, évolution professionnelle des agents, formation, développement des qualifications…)